Soit marqué ici un hommage appuyé à celui qui fut un grand psychiatre en France, notre Cher Collègue Jean Garrabé, parti à ses 89 ans, le 13 septembre 2020.
Comme cet autre monument de la psychiatrie française actuelle, le Professeur Georges Lantéri-Laura, le psychiatre érudit Jean Garrabé suivait de près mon travail clinique et de recherche. Au point qu’il a bien voulu m’introduire à la Société médico-psychologique de Paris, en 2016. Et qu’il s’est proposé pour rédiger, dans l’Évolution psychiatrique, dont il était le Président d’honneur, un compte-rendu de lecture de mon deuxième livre sur la psychopathologie de la mélancolie.
Comme Lantéri-Laura, Jean Garrabé mettait beaucoup d’espoirs dans mes travaux, ainsi que dans notre intention commune de relier la psychiatrie classique à la psychanalyse. Pour cela, il restera toujours dans ma mémoire et je le remercie infiniment.
Voici ce que l’Évolution psychiatrique écrit en ce triste jour :
« Jean Garrabé était un acteur essentiel de la psychiatrie de ces cinquante dernières années. Sa mémoire vivante et sa pénétration en faisaient un pilier essentiel de chacun des rendez-vous scientifiques de notre discipline. Son humour et son esprit, son érudition et son à-propos donnaient à ses interventions un ton unique pour lesquelles il était très demandé. Il était un véritable académicien de la psychiatrie, habitué aux débats, qu’il ne reniait pas, mais qu’il savait contempler d’un regard averti.
« Nommé interne des hôpitaux psychiatriques de la Seine en 1958, il a été l’élève fidèle d’Henri Ey avant de devenir, sur l’invitation de Paul Sivadon, médecin chef à l’Institut Marcel Rivière (MGEN) de 1967 à 1997, où il a été un praticien engagé de la psychothérapie institutionnelle et de la psychanalyse.
« Membre actif de très nombreuses sociétés savantes et notamment de l’Evolution psychiatrique où il a été secrétaire général pendant de très nombreuses années et un animateur essentiel du comité de rédaction de la revue.
« Il a sensibilisé des générations de cliniciens à l’importance de l’histoire de la discipline en publiant de très nombreuses études et ouvrages dont notamment sa célèbre Histoire de la schizophrénie : Un siècle pour comprendre publié en 2003.
« Adepte d’une psychiatrie plurielle et mondialisée, il a noué des liens d’amitiés et de travail dans toute l’Europe, en Amérique du Sud et au Japon » (Évolution psychiatrique, 2020).
Dans son compte-rendu de 2017 sur notre livre La Fuite des événements, Jean Garrabé a notamment écrit ceci : « Arce Ross consacre les dernières pages de son livre à discuter l’opinion de “certains auteurs contemporains qui en s’appuyant sur des concepts psychanalytiques appartenant en général à la clinique des névroses ainsi que sur la génialité mélancolique aristotélicienne en sont venus, directement ou indirectement, mais trop facilement à notre avis à lier mélancolie et sublimation » (Gomez Mango, 1985 ; Kofman, 1985 ; Kristeva, 1987 ; Starobinski, 1989), (p. 368). Mais à partir des cas des malades ainsi que de ceux de Viktor Tausk, Marilyn Monroe, Louis Althusser, Romain Gary dont il a parlé dans La Fuite des événements il réfute cette vision. L’ouvrage n’a pas de conclusion comme s’il devait y avoir un Livre III de la Psychopathologie de la mélancolie » (Garrabé, 2017, p. 251).
GAR, le 14 septembre 2020
Notes
ÉVOLUTION PSYCHIATRIQUE, « In memoriam : Jean Garrabé 1931 – 2020 », le 13 septembre 2020 : https://levolutionpsychiatrique.fr/2020/09/13/in-memoriam-jean-garrabe-1931-2020/?fbclid=IwAR0-vmnmh3_mPJo9fmytVdt9rCEFMYaXFEKRJ9J9QFjL_p4fm9wqbaaWDOI
GARRABÉ, Jean, « À propos de la psychose maniaco-dépressive. À propos de « La Fuite des événements. Les Angoisses altruistes dans les suicides maniaco-dépressifs » de German Arce Ross », L’Évolution psychiatrique, Vol. 82, n° 1, 2017, pp. 248-251
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